"La confiance", thème du stage de Yoga en Ecosse
Un trajet à accomplir par soi-même
La confiance est un thème essentiel dans la mesure où elle donne les moyens de remettre en question notre façon d'être dans la vie. Elle offre à la personne une autre direction à suivre, une alternative à la voie balisée que la raison veut lui imposer.
La confiance fraye le chemin d'une démarche qui relève essentiellement de la recherche et du questionnement.
Nous sommes confrontés à une expérience qui se donne la liberté de ses mouvements (le contournement, le partage, l'échange), et de ses pérégrinations pour sortir des sentiers battus des garanties fallacieuses. Un stage consacré à ce thème permet de lever le voile sur un espace de découvertes, de susciter un travail de réorganisation des valeurs, et de mesurer les limites de chacun, de ce qui lui semble possible et impossible.
Un mot équivoque et multiforme
La confiance (un affectus grave, d'après les anciens), c'est un mot équivoque qui mêle l'endurance et la souffrance, la PROUESSE et l'ÉPREUVE, une façon de dire l'exploit et sa part de fatigue. On peut ajouter, faire confiance : avoir du mal, de la peine, souffrir, être en détresse, faire l'effort, en venir à bout à force de travail, mais aussi faire surgir en nous une certaine action d'affranchissement pour redevenir ce qu'il ne faudrait jamais cesser d'être : soi-même. Il serait intéressant de réfléchir à quel point le fait d'avoir confiance affecte profondément, fortement ma possibilité de CHOISIR. Qu'est-ce que d'avoir confiance en moi (d'être rassuré en mes possibilités, de croire en mes capacités?) Qu'est-ce que de faire confiance (de me fier à quelqu'un ou à quelque chose?) Enfin, qu'est-ce que j'ai? Qu'est-ce que je peux donner?
Les avatars de la dépendance
"Se fier", "persuader", "obéir". La confiance serait-elle mise à mal chaque fois que mon cœur est convaincu d'agir contre son propre ressenti ? La force de cette persuasion peut-elle m'amener à obéir à ce que réprouve mon fort intérieur ? Le manque de confiance peut dévoiler une petite détresse, et devenir l'indice d'une position défensive, l'expression d'un évitement d'une question cruciale : savoir ce que je suis à même de donner et quel est le prix de ce DON. Dans cette réponse, se dit mon histoire, mes échecs, mes méprises, mes peurs. Si je peux COM-PRENDRE ceci avec tout mon corps, dans ma tête et dans mon cœur, alors je peux aussi commencer à réfléchir au fait qu'AVOIR CONFIANCE EN MOI SIGNIFIE D'ABORD AVOIR TROUVÉ MA PLACE DANS LA VIE.
Guérir la confiance par la confiance
Aussi fragile que susceptible de s'évanouir, la confiance peut à tout moment être acquise à nouveau, retrouvée. Comment? Accueillir ce que nous avons à tort exclu, introduire peu à peu une distance à l'égard des doutes qui parfois nous assènent, faire le deuil de la reconnaissance. Ce sont des gestes d'une grande portée dans la perspective du dévoilement en soi de la confiance. Il y a dans l'état de confiance LA CHANCE D'ÊTRE RECONNU POUR CE QUE NOUS SOMMES. Et cette chance côtoie une sensation intérieure proche de l'être en état de grâce. Il y a dans l'expérience de la confiance quelque chose d'heureux, de joyeux, d'enivrant. Si l'on peut reconnaître ce constat comme "fondé", alors nous pouvons aussi commencer à réfléchir à notre capacité à nous de jouir des expériences au lieu de les subir, de les critiquer, de les juger. Jouir, c'est la confiance à l'œuvre.
Une confiance saine
La confiance demande autant de RECUL que de PRÉSENCE. Les deux nécessitent un incessant retour à soi pour mieux appréhender notre espace de liberté, et mieux mesurer nos dépendances. Une confiance saine n'est pas liée à une seule injonction (le bien-être, le bonheur, la réussite..). Loin de là, elle ose continuer à chercher ce qu'il y a de meilleur en chacun. Une confiance saine ne se fie pas à tout ce qui se présente comme fiable. Au contraire, elle le fait séjourner dans l'esprit comme dans un estomac, pour le repeindre dans les veines, pour que cela naisse de nous-mêmes et n'apparaisse pas emprunté d'ailleurs. Une confiance saine guide, seconde, épaule notre nature, sans jamais la voiler, sans jamais la nier.
Responsabilité et confiance
On n'insistera jamais assez sur l'importance, lors du dévoilement de la confiance, de ces pratiques d'ajustement, de ce recours aux ESQUIVES POSSIBLES (l'abstention, l'évitement, la retenue, le retrait) chaque fois qu'un doute, une certaine démesure, ou même encore un danger "hors de propos" subsistent. Si nous n'avons pas le souci d'une responsabilité dans la confiance, nous risquons de nous priver de tout élan éthique. Là encore, nous nous confrontons à la difficulté d'accommoder, d'ajuster notre regard (notre action), d'entretenir un rapport juste à ce que nous donnons et à ce que nous recevons. Voilà une situation que nous pouvons expérimenter sur le tapis… et d'une manière générale, dans tout rapport à la vie.
