"Au cœur des éléments", le thème du stage de Yoga en Islande
Contrastes, dualité, doute : dvanda
En Islande, on découvre une nature accueillante et inhospitalière. Les paysages s'y révèlent atypiques, parfois extrêmes.
Bien que l'absence d'uniformité de la nature pourrait conduire à y percevoir le règne du déséquilibre et imaginer toute présence de vie humaine impossible, cette vie humaine dure et perdure entre efforts et intelligence d'adaptation.
Les éléments antagonistes coexistent, comme lorsque le feu lèche la glace qui le recouvre. Et notre esprit ne demeure pas si indifférent face à ces contrastes. C'est là l'expression concrète de nos contradictions et de cette dualité profonde que nous portons en nous. L'obstacle à l'unification, c'est le doute, le choix. L'un prend alors inévitablement le pas sur le second.
Pénétrer dans ses profondeurs
Certaines images parviennent à nous couper le souffle, tout simplement parce qu'elles atteignent notre fort intérieur. Cette partie inconnue de l'homme qui détermine inlassablement ce qu'il est, ce qu'il fait. Et même ce qu'il pense, ce qu'il désire, ce qui l'inspire, bien qu'il puisse refuser de le reconnaître. C'est à cet endroit que tout s'entasse, ses croyances, ses perceptions, ses espoirs, ses succès à quoi se mêlent ses angoissent et ses échecs. Il s'agit d'un univers bien plus vaste que le moi conscient. Cette partie émergée constitue, comme pour l'iceberg, l'infime partie de toute son étendue. S'il ne plongeait dans les profondeurs de ces eaux troubles, l'homme serait incompris, mutilé.
L'étude de soi : svâdhyâya
Il n'est pas aisé de savoir qui nous sommes, où nous sommes, ce que nous sommes. Bien qu'il existe un miroir qui permette de refléter notre corps, il n'en existe pas de pareil qui puisse refléter notre esprit. Il nous faut alors recourir à la lecture, à l'étude, à la discussion et à la réflexion. Tels sont les outils qui nous permettent de parcourir notre esprit. Peu à peu, on se découvre, on se comprend, on s'accepte et la sérénité, bien que précaire, apparaît. L'action devient l'expression du confort de notre esprit, un élan de liberté envahie soudain la vie, ponctué d'un sentiment de légèreté et d'apaisement inopiné...
La pente : la chance du changement
A chaque jour sa pente, et à chaque pente son effort. Qu'il s'agisse de la gravir ou, lorsqu'on se retrouve sur une mauvaise, de s'en écarter, la pente nous retient et nous place seuls face à nous-même. La pente mesure avant tout la connaissance que nous avons de nous-même. On peut, à tort, l'arpenter le pas alourdi par la méprise et le souffle crispé par nos convictions erronées. La pente alors nous domine. Ou à l'inverse, on peut faire le choix raisonné de la parcourir en suivant un rythme adapté à l'effort qu'elle impose. Au fil des pas, le dénivelé perd de son intensité et on parait simplement errer en liberté. "La vérité se trouve dans nos talons" (Tchouang-tseu) et non pas dans le bourdonnement de notre tête. Alors, laissons chaque pente nous apprendre quelque chose de nouveau et nous transformer...
Le vouloir vivre : svâ-rasa
Depuis le passage de la position quadrupède à la station débout, l'homme n'a eu de cesse d'incarner, pour le pire comme pour le meilleur, cette impulsion vers le sommet à travers laquelle toute l'histoire de l'humanité se raconte. Esprit de domination, vertige de l'ambition, désir d'immortalité érigé contre la fuite inexorable du temps, ou, à l'opposée, appel de la vérité, élan de la créativité. L'attirance vers ce sommet incarne en réalité la confrontation de l'homme à sa peur viscérale de la chute, de la perte, de l'abandon, et enfin de la mort. C'est l'instinct de survie qui fait de nous ce que nous sommes : des êtres à la fois de consentement et de révolte.