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« Le Yoga nous aide à comprendre ce que la vie enseigne et à le transformer en une action juste » - Lina Franco

Dans le cadre de l’enseignement du yoga, la pratique personnelle et le cours individuel marquent un moment fort de la relation. Trois lettres yuj, le lien, suffisent pour donner vie, et donc laisser voir, les deux éléments piliers de la relation : la liberté en acte et le respect. La pratique personnelle permet d’appréhender les variations de l’être dans le temps et dans l’espace. Au fil des jours qui se suivent identiques et différents, elle est un indicateur fiable des états du corps. Ça change, ça bouge. Ça reste cependant suffisamment le même pour voir une trajectoire. Entre la recherche du calme (yogaś citta-vṛttinirodhaḥ ) et l’accès à une « simplicité libérée » (kaivalya). Au beau milieu des mouvements/courants intérieur et extérieur, le yogin s’efforce d’œuvrer pour une mise en cohésion profonde. Seul, il s’éprouve. Il essaie et goûte à la possibilité d’une union entre le corps, le souffle, le mental, la parole, les représentations, l’altérité. Le travail se poursuit au coeur de ces deux contradictions fondamentales (dvandva) : son besoin de stabilité et de liberté (sthira-sukham, YS, II-46), son envie autant d’engagement que de désengagement (prayatna-śaithilya YS, II-47).

La pratique personnelle est une rencontre avec asmitā. Avec le nœud – ce à quoi le yogin s’identifie –, avec l’erreur (pénible) de perception. Avec également l’identification porteuse de bienfaits lorsqu’il arrive à s’identifier à ce qu’il a de plus libre en lui. Et si le discernement (viveka), n’est pas complètement au rendez-vous, smṛti court à son secours pour que le yogin se rappelle qu’il est possible de se démarquer de l’identification par les créations quotidiennes d’une pratique continue. En entrant sur le tapis, il s’ouvre, il se rend disponible, à quelque chose qui n’était pas là susceptible d’arriver.

Le « Moi-Je » se laisse imprégner par l’expérience, tout en restant ouvert à ce qui est en train de s’observer dans une zone de ses corps (de matière, d’énergie, de pensée, de personnalité, de joie) qui ne serait pas « directement » impliquée mais qui est intimement liée à la création en cours. Création qui parfois prend la forme d’une mise en cohérence, parfois de petits et perceptibles affranchissements, parfois encore d’éphémères incursions dans la possibilité d’être un. Ce qui se crée, par cette discipline régulière, c’est quelque chose qui avait le potentiel d’apparaître par dévoilement, par suppression de ce qui recouvre, encombre l’essentiel. D’une manière particulière, la pratique personnelle aide à dénicher ce potentiel caché qui devient accessible par la connaissance directe sur le tapis.

Déroule, ne pense pas, regarde ! C’est à ce moment précis que les enseignements de la pratique personnelle dévoilent leur qualité initiatique. Telles ces « vérités » jusque-là insondables, perdues dans la nuit d’avidyā, ces lueurs de conscience – révélations du jour – balisent intérieurement le chemin qui mène au plus près de l’humain et de sa part de mystère.


Article cours de Yoga par Lina Franco dans le journal IFY d'avril 2025
© Eneko Urunuela from Unsplash

Le cours individuel, suspendu entre la relation et la solitude


Chacun possède sa compréhension et son vécu du cours individuel avec son professeur référent. Certains aussi de par leur expérience directe avec Desikachar. Il s’agit d’un espace, entre autres, pour le svādhyāya. Le travail porté par la voix se fait au travers de résonances, d’écoute intérieure et de silences, aussi par le soin de l’( auto- ) observation. Dans le cadre unique du cours individuel, la dimension intemporelle et immuable du Yoga-sūtra est mise en miroir avec l’aspect éphémère, précaire, du vivre quotidien. Le cours individuel est certainement un moyen pour regarder à trois – soi, l’autre et puruṣa. C’est bien ce dernier qui remet la conscience de l’immuable dans l’instant/ le présent. Regarder quoi ? Ce qui relève de l’ordre de l’involontaire, de l’inconscient, de l’inconnu, du camouflé, qui agit sous couvert des bruits du mental et des gênes éparpillées du corps.

En choisissant un cours individuel, l’élève accepte de donner à voir ce qui est là, en confiance. Le professeur écoute suffisamment bien pour que ça médite à l’intérieur. Il est là aussi pour répondre, même si pas tout à fait, pour que l’élève se mette en action et continue à chercher. On ne doit pas se presser pour donner une réponse, on ne doit pas imposer « sa » réponse. Par ailleurs, il y a des « permissions » qui sont accordées par le professeur, d’autres pas. Celles-là, les autorisations intérieures, sont les filles de purification aussi bien que de discernement que la Vie « validera » – ou pas.

Pour comprendre avec justesse ce « d’autres pas », il faut regarder du côté de la relation, seul grand « équilibrateur ». Le rôle du professeur est, entre autres, d’accompagner le yogin dans sa démarche yoga. Car dans l’énergie de l’enseignement propre au cours individuel, on est au plus proche de la relation. Et au-delà, de s’ouvrir à la Vie. S’ouvrir, oui, sans jamais perdre

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